dimanche 4 septembre 2011

POUR LE BENIN











Se changer pour changer
nos rapports avec la République


Article d'Hubert GUEZO


Qu’est-ce que la République ?

«La république est le gouvernement qui nous divise le moins ». Adolphe Thiers.
La citation de Thiers montre que répondre à cette question n’est pas si simple.
C’est le citoyen qui fait la République.

En voici quelques éléments qui témoignent de cette
volonté citoyenne :
La Révolution Française est l’événement fondateur de la République française.
La « Marche du Sel » incarnée par Gandhi est l’événement fondateur de la République
indienne.
La « Boston Tea Party » (1773) est l’événement fondateur de la République des Etats-Unis
d’Amérique.
La Conférence Nationale de 1990 au Bénin est l'évènement fondateur de l'ère démocratique
au Bénin.
La Révolution "du Jasmin" de 2011 est l'évènement déclencheur de la chute de la dictature
en Tunisie.
...


Pourquoi le citoyen fait-il la République ?
Le respect des règles élémentaires et civiques qui fondent le «vivre ensemble en société
moderne » est un principe qui s’apprend dès le berceau familial et doit faire partie de la
culture de base.
Voyons cela dans l’axe historique. D’abord sujet des empires, puis rendu esclave et déporté,
ensuite colonisé et enfin déclaré citoyen républicain, l’Africain a un rapport complexe avec la
République fondée sur des principes dits d’égalité hérités des puissances coloniales.
Citons Tidiane Diakité, auteur de "50 ans, l'Afrique" Ed. Arléa, 2011 :
" L'Africain "ordinaire" ne se reconnaît pas dans l'État. L''État, c'est ce monstre sans visage,
qui l'opprime, le méprise, lui dénie ses droits et l'exploite; parfois avec la complicité de
l'étranger."
Aujourd’hui, il est impératif de sortir de ce triangle du désordre : Esclave, Colonisation et
Indépendance inachevée, pour suivre une ligne d’ordre : Reconstruire une conscience civique
au service d’une Afrique citoyenne, unie et solidaire.
C’est dans l’idée de suivre cette ligne que le citoyen fait la République en ayant comme
boussole le principe fondamental de la neutralité du service public comme facteur de cohésion
sociale et de paix.
Se changer pour changer l’Afrique impose une réflexion profonde sur l’éducation du
citoyen africain au service du Vivre Ensemble et de la Paix.


Tous les analystes qui se penchent sur le changement nécessaire et espéré pour l’Afrique du
XXIe siècle s’accordent pour affirmer que le dit changement doit passer par l’éducation.
Citons Wangari Maathai, Prix Nobel de la Paix 2004 :
« L’importance de l’héritage culturel des Africains au regard de leur propre prise de
conscience identitaire n’est toujours pas suffisamment valorisée ». (« Un défi pour
l’Afrique», éd. H. D’Ormesson, 2010, p. 16).


Voici 12 pistes de réflexion sur l’éducation à la citoyenneté :

1-Changer nos attitudes et nos perceptions sur la discrimination ethnique
Les bénéfices de ce changement : promotion de l’égalité des chances, de la méritocratie.
2-Changer nos rapports à la corruption (la corruption tue !)
Les bénéfices de ce changement : créer une société d’hommes intègres au service de l’intérêt
général.
3-Changer nos goûts prononcés pour l’extranéité culturelle
Les bénéfices de ce changement : intégration africaine, fierté de soi, développement de
l'africanité positive.
4-Changer nos rapports à la démocratie (la justice, un pouvoir de la démocratie)
Les bénéfices de ce changement : exercer un mandat électif transparent et juste reçu du
peuple souverain, éduquer l'électorat aux vertus des principes républicains et consolider les
acquis démocratiques.
5-Changer nos rapports avec le respect des principes républicains
Les bénéfices de ce changement : renforcer les principes suivants : laïcité, liberté, égalité,
solidarité, transparence, neutralité du service public.
6-Changer nos rapports à la culture de la Paix (inventer un symbole africain pour la Paix).
Cela pourrait être l’oeuf : « La paix est aussi fragile et précieuse qu’un oeuf dans la main d’un
enfant.»
7-Changer nos rapports au civisme et à la responsabilité citoyenne pour construire une
nouvelle Afrique
Les bénéfices de ce changement : Eduquer la jeunesse au civisme renforce la démocratie et la
paix fondées sur le progrès humain et le développement socio-économique.


8-Changer nos rapports à la créativité industrielle
Les bénéfices de ce changement : L’industrialisation, un défi majeur pour l’Afrique.
9-Changer nos rapports à la protection de l’environnement
Les bénéfices de ce changement : Développer des comportements éco-citoyens.
10-Changer nos rapports à la construction du rêve africain : Réussir l’intégration
africaine.
Les bénéfices de ce changement : « Divisés, nous sommes faibles. Unie, l’Afrique pourrait
devenir, et pour de bon, une des plus grandes forces de ce monde. » [Kwamé Nkrumah, né à
Nkroful, Ghana, le 21 septembre 1909. Décédé à Bucarest, Roumanie, le 27 avril 1972].
11-Changer nos comportements dans les affaires commerciales : combattre le syndrome
de Kunta Kinté*, l’appât du gain facile et l'esprit de jouissance immédiate.
Les bénéfices de ce changement : promotion d'une culture de la méritocratie, du labeur
patient, de la probité...
* Kunta Kinté est le personnage d'une célèbre série télévisée « Racines ». Kunta a été capturé
par les siens et vendu à un négrier blanc.
12-Changer notre approche de la gouvernance centralisée de nos jeunes États :
Démocratie et liberté.
Les bénéfices de ce changement : Décentralisation, Responsabilisation des citoyens,
Exemplarité des dirigeants.


Article rédigé par Hubert GUEZO, auteur de QUIZ AZIZA « Mots des têtes d’Afrique et
d’ailleurs », Ed. Daada Color, 2011. En vente dans toutes les librairies françaises et
béninoises.


«Quelqu’un s’assoit à l’ombre aujourd’hui parce que quelqu’un a planté un arbre il y a longtemps".

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