vendredi 28 janvier 2011
1968
27 avril 1968
Le journal « Coopération » lance un concours pour les jeunes. Je suis alors en fin d’études à l’Université de Neuchâtel. Le 19 juillet de cette même année, je deviens par mariage Mireille Grosjean. Je m’exprime sur les thèmes du concours sans en suivre les consignes. Je suis donc hors concours. Mais la rédaction publie mon texte. Le 21 janvier 2011, je suis allée en bibliothèque et j’ai retrouvé mon texte. Le voici. C’était mon premier coup de gueule, et on y retrouve la ligne que je n’ai pas quittée… et quelques bêtises...
« Le jury a décerné une mention spéciale au travail de Mireille Robert que nous publions aujourd’hui. Celui-ci ne traite pas d’un point précis du questionnaire et ne répond pas exactement aux conditions du concours. Le jury l’a néanmoins retenu en raison de ses incontestables qualités »
POUR LE MONDE
J’AIMERAIS
Qu’éclate la paix.
Que les organisations internationales veillent au désarmement de tous les pays.
Que l’humanité, par l’intermédiaire des gouvernements, décide d’arrêter toute fabrication d’armes et de n’employer les découvertes scientifiques (atome, laser) que pour le bien des peuples.
Que chacun protège la vie sous toutes ses formes, veille à la salubrité de l’air et de l’eau, à l’heureux développement de la faune et de la flore.
Que chacun prenne à cœur de respecter la liberté et la dignité de tous, également celles des primitifs comme les Papous ou les Indiens.
Que chacun veille à ce que règnent la compréhension mutuelle et la liberté d’opinion.
Que l’on protège, conserve et revivifie le folklore et les arts traditionnels de chaque région du monde.
Que l’aide au Tiers-Monde s’effectue à plus grande échelle et sans engagement politique d’aucune sorte.
Que chacun puisse vivre librement partout, qu’il soit jaune, noir ou blanc.
Que les chrétiens s’unissent en une seule et même religion.
Que soit pratiqués l’œcuménisme et la bonne entente entre les différentes religions.
Que tous ceux sur lesquels reposent des responsabilités pensent avant tout au bien de la communauté. Que les partis politiques et les groupements financiers influencent le moins possible le travail des gouvernements.
Que tous ceux qui exercent des responsabilités refusent tout cadeau de gens qui ont l’intention de les acheter ; à leur tour, qu’ils ne soudoient personne ni ne distribuent des pots-de-vin.
Que les Africains trouvent leur voie sans imiter les Européens ni les Américains du Nord. (Nous ne sommes pas toujours exemplaires).
Que l’on envisage sérieusement d’unifier l’Europe, et qu’à sa tête il n’y ait ni les USA, ni l’URSS ni la France.
POUR LA SUISSE
J’AIMERAIS
Que le peuple et le gouvernement envisagent un assouplissement de la neutralité et une intensification des contacts politiques, économiques et culturels avec l’Europe et le monde.
Que le peuple et le gouvernement fassent le nécessaire pour que la Suisse puisse adhérer à la Déclaration des droits de l’homme et à l’ONU. (Cela signifie entre autres donner le droit de vote aux femmes et abolir toute restriction de la liberté religieuse).
Que le peuple soit plus amplement informé de ce qui est discuté et décidé par les organes gouvernementaux et qu’il soit éclairé sur les conséquences des décisions qu’il a à prendre.
Que le peuple aille régulièrement voter.
Que le nombre des Conseillers fédéraux soit augmenté pour que chacun puisse connaître plus à fond son domaine.
Que les Conseillers fédéraux (et tous ceux qui occupent des postes importants dans n’importe quel domaine) soient choisis d’après les critères de leurs études, de leur expérience professionnelle et de leurs qualités personnelles plutôt que pour leur appartenance à tel parti politique.
Qu’un statut spécial soit établi pour les objecteurs de conscience, leur permettant d’accomplir quatre mois de service civil.
Que le nombre des programmes scolaires soit réduit à trois, un pour chaque langue, et que ces programmes prévoient des correspondances entre eux à tous les niveaux.
Que l’opinion publique revalorise les études non universitaires, les apprentissages, les métiers manuels et artisanaux.
Que l’enseignement du civisme suisse, européen et mondial soit exercé pendant la dernière année scolaire obligatoire et dans toutes les écoles supérieures. Cet enseignement doit être confié à des professeurs convaincus de son importance, objectifs, suffisamment documentés sur la question. Il doit être révisé par des épreuves écrites et figurer dans le bulletin de chaque élève.
Que la gymnastique et les sports soient utilisés largement comme moyens d’éducation ; les jeunes doivent pouvoir en jouir dans le cadre de l’école. Que tous les éducateurs (parents, professeurs, responsables de jeunesse, tous finalement puisque chacun est en contact avec des enfants) soient pleinement conscients de leur responsabilités face aux enfants, aux adolescents, aux jeunes. Chacun, qu’il en soit conscient ou non, sert d’exemple.
Que les journaux indépendants de groupements politiques et financiers, tel Domaine Public, soient plus nombreux et plus répandus.
Que les arts soient favorisé et encouragés, même s’ils résultent de l’effort de jeunes artistes peu conformistes.
Que les arts traditionnels et le folklore soient conservés et restent vivants.
Que les populations des diverses régions de Suisse apprennent à se connaître plus à fond et à s’aimer.
Que le consommateur soit très critique quant à la vraie valeur des articles qu’on lui propose et qu’il se montre exigeant. Pour cela, il faut qu’il puisse apprendre à juger en consultant des publications adéquates.
NB. Les souhaits concernant le monde valent aussi pour la Suisse.
CRITIQUE
Dans ce texte, je ne fais pas le tour de tout ce qu’il y a à dire sur le monde et la Suisse. Je me contente de soulever quelques problèmes qui me sont apparus au cours de ma réflexion sur le questionnaire.
Mes vœux peuvent paraitre utopiques et même insensés à plusieurs ; j’en suis pleinement consciente. Ce que j’ai écrit, ce sont mes illusions d’adolescente. Faut-il les perdre et devenir fataliste ou bien lutter pour les réaliser ?
Mireille Robert
TRADUKO SEKVOS.
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