Auteur : Sassoun Arapian
J’ai lu ce texte (dans une version un peu plus courte) dans le journal « L’Impartial » du 22 janvier 2011.
L’auteur, que je ne connais pas, habite mon canton.
A mes amis, de droite comme de gauche, découragés ou résignés, à court d'idée pour lutter contre la puissance de l'extrême droite suisse,
Dieu comme cela peut paraitre dérisoire, mais il faut faire ce que nous savons faire du mieux que nous le pouvons. Il faut vivre avec plus de vigueur que nous croyons en être capables, repousser la fainéantise et l'auto-dépréciation, de toutes nos forces, et déployer notre amour de ce que nous faisons. Nous pouvons baisser les bras face à eux, mais pas face à la vie. La retouche du peintre sur le visage d'une femme, la rendant plus belle encore, l'attention accrue du carreleur lui permettant de regarder son travail avec fierté, le regard lumineux d'une caissière à un client qui lui sourit, la professeur de lycée qui se creuse la tête pour que ses élèves soient plus savants de semaine en semaine, l'étudiant qui repousse la facilité pour aller vers ce qu'il aime quitte à prendre des risques, le menuisier qui caresse au papier de verre le plus doux les finitions d'un pied de table, le musicien qui monte sur scène pour la millième fois et qui donne tout, parce qu'il aime ce public qu'il ne connait pas, il l'aime sans rien attendre et lui donne des millions d'heures de travail en un paquet de minutes, l'ouvrier qui, en rentrant d'une dure journée, se retourne un temps et voit qu'une maison, un pont, un trottoir se construit et qu'il y participe, lui, unique qu'il est, et que des dizaines de milliers d'hommes et de femmes y marcheront, grâce à lui, oui.
J’ai lu ce texte (dans une version un peu plus courte) dans le journal « L’Impartial » du 22 janvier 2011.
L’auteur, que je ne connais pas, habite mon canton.
A mes amis, de droite comme de gauche, découragés ou résignés, à court d'idée pour lutter contre la puissance de l'extrême droite suisse,
Dieu comme cela peut paraitre dérisoire, mais il faut faire ce que nous savons faire du mieux que nous le pouvons. Il faut vivre avec plus de vigueur que nous croyons en être capables, repousser la fainéantise et l'auto-dépréciation, de toutes nos forces, et déployer notre amour de ce que nous faisons. Nous pouvons baisser les bras face à eux, mais pas face à la vie. La retouche du peintre sur le visage d'une femme, la rendant plus belle encore, l'attention accrue du carreleur lui permettant de regarder son travail avec fierté, le regard lumineux d'une caissière à un client qui lui sourit, la professeur de lycée qui se creuse la tête pour que ses élèves soient plus savants de semaine en semaine, l'étudiant qui repousse la facilité pour aller vers ce qu'il aime quitte à prendre des risques, le menuisier qui caresse au papier de verre le plus doux les finitions d'un pied de table, le musicien qui monte sur scène pour la millième fois et qui donne tout, parce qu'il aime ce public qu'il ne connait pas, il l'aime sans rien attendre et lui donne des millions d'heures de travail en un paquet de minutes, l'ouvrier qui, en rentrant d'une dure journée, se retourne un temps et voit qu'une maison, un pont, un trottoir se construit et qu'il y participe, lui, unique qu'il est, et que des dizaines de milliers d'hommes et de femmes y marcheront, grâce à lui, oui.
Tout cela et encore tant d'autres choses, chacun de ces actes est devenu un acte de résistance. Parce que rendre plus forte une vie de passion et d'amour, c'est, sans même le vouloir, affaiblir l'extrême-droite, la simplification avilissante de la pensée, en rendant cette dernière plus libre, libre des chaines de la peur de l'autre, libre du ressentiment, libre de la crainte de devenir ou d'être déjà le rebut d'une société incontrôlable. Époque particulière où embellir la vie est un acte de résistance.
Aŭtoro : Sassoun Arapian
Mi legis tiun tekston en ĵurnalo « L’Impartial » la 22an de januaro 2011.
La aŭtoro loĝas en mia kantono. Mi ne konas lin.
Al miaj geamikoj, dekstruloj same kiel maldekstruloj, malkuraĝigitaj aŭ rezignitaj, kiuj ne plu scias, kiel lukti kontraŭ la svisa ekstremdekstra partio.
Dio scias, kiel sencela tio povas aspekti, sed ni devas tion fari, kion ni kapablas fari, kiel eble plej bone. Ni devas vivi kun pli da vigleco ol tio, kion ni kredas ke ni povas, forviŝi la mallaboremon kaj la memmallaŭdon, per ĉiuj niaj fortoj, kaj fortigi la amon al tio, kion ni faras. Ni povas ĉesi la lukton fronte al ili, sed ne fronte al la vivo.
La retuŝado farita de la pentristo, kiu celas ankoraŭ pli precize pentri la vizaĝon de virino farante ŝin ankoraŭ pli bela, la pli forta atento de la kahelisto, kiu poste povos fiere rigardi sian laboron, la brila vizaĝo de la vendistino, al kiu kliento ridetas, la klopodoj de la profesoro, kiu arde pripensas, kiel li obtenu, ke liaj gestudentoj estu pli lertaj semajnon post semajno, la studento, kiu forlasas la facilajn strategiojn, por celi al tio, kion li ŝatas, eĉ prenante riskojn, la lignaĵisto, kiu karesas per plej fajna vitropapero la elegantajn partojn de tablokruro, la muzikisto, kiu alscenejiras la milan fojon, tamen donante ĉion, ĉar li amas tiun publikon, kiun li eĉ ne konas, kiun li amas, sen ion atendi, al kiu li donas milionojn da laborhoroj ene de kelkaj minutoj, la laboristo, kiu post peniga labortago turnas sin, por rigardi kontruatan domon, ponton, trotuaron, kiujn li kontribuis konstrui, li unika homo, kaj kiu pensas pri miloj da viroj kaj virinoj, kiuj loĝos en tiu domo aŭ marŝos tra tiu ponto aŭ uzos tiun trotuaron danke al lia laboro, jes ja.
Ĉio tio kaj ankoraŭ multe da aliaj aferoj, agadoj fariĝis rezistado-agado. Ĉar fortigi pasian kaj amoplenan vivon estas, eĉ se oni tion ne celas, malfortigi tiun ekstremdekstran homgrupon, malfortigi la malpurigan simpligadon de la penso, liberigante la penson, kiu liberiĝas el la timo de la aliulo, kiu liberiĝas el la venĝemo, kiu liberiĝas el la timo fariĝi aŭ eĉ jam esti la rubaĵo de nekontrolebla socio. Stranga epoko, kie beligi la vivon jam estas rezistado-ago.
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