mardi 5 juillet 2011

2 DISCOURS / 2 PAROLADOJ





La semaine des deux discours.


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2011-06-20 LES BRENETS, canton de Neuchâtel, Suisse


En ouverture de la séance du Conseil Général (législatif) que je préside pour une année, j’ai fait l’allocution suivante :

Mesdames, Messieurs les Conseillers Généraux,
Madame, Messieurs les Conseillers Communaux,
Madame, Monsieur les collaborateurs de la Commune,
Mesdames, Messieurs du public,

J’ai l’honneur d’ouvrir cette séance et également une année de présidence du Conseil Général.

J’aimerais tout d’abord constater que vous, Conseillers Généraux et Conseillers Communaux, avez accepté de vous porter sur une liste d’élection, que vous avez été élus, que vous siégez maintenant dans nos Conseils. Je vous en félicite et je vous en remercie. En effet, cet engagement politique signifie des heures de travail, une participation aux travaux de diverses commissions, la lecture de masses de rapports et de documents, la rédaction de diverses lettres, des coups de téléphone, des soirées loin de vos familles. Il s’agit d’un engagement remarquable pour faire le ménage de la Commune, un travail volontaire et bénévole. Je tiens ici à souligner vos efforts et votre dévouement.

Nous sommes à l’orée des vacances d’été et au seuil d’une année qui est la dernière de cette législature.

Durant cette année, des travaux importants sont prévus, il suffit de regarder l’ordre du jour de ce soir pour s’en convaincre. Je pense en particulier à l’étude du séparatif, à la mise sur pied de l’accueil parascolaire voulu par Harmos, à la construction d’une nouvelle STEP en collaboration avec le Locle, etc …

Vu les élections communales de 2012, je peux imaginer que chacun de nous va partir en chasse pour trouver des candidats pour cet événement. Souhaitons que nos habitants répondent présents pour entrer dans une commission ou au Conseil. La Commune a besoin de nouvelles forces, de nouvelles idées.

Vu les élections communales de 2012, je peux imaginer que certains gros dossiers seront prudemment laissés de côté pour être transmis au nouveau Conseil élu en mai. En effet, je pense que ce nouveau Conseil aura des tâches très importantes et particulièrement délicates. Il faudra de nouveau se poser la question de la conception d’un nouveau collège, vu que Harmos nous impose des classes plus grandes qui rendent caducs nos locaux actuels, vu que le statut des zones à bâtir est en discussion, vu que la rénovation de la halle de spectacle est effectuée ; la donne est totalement différente. Mais pouvons-nous envisager une telle dépense…. ?
Si nous négligeons d’y réfléchir à temps, nous verrons peut-être un car charger nos 80 écoliers le matin à 8 heures pour les emmener au Locle à l’école primaire et les ramener à 16 heures… Affaire délicate…

Un autre gros dossier sera la réflexion sur notre structure communale, sur notre existence même. Allons-nous vers un jumelage avec Les Planchettes, avec le Cerneux-Péquignot, avec Le Locle, ou bien allons-nous nous profiler comme le village d’irréductibles au Far West du canton et de la Suisse ? L’étude du profil de notre commune devra être empoignée par le Conseil élu en 2012. Notre canton va-t-il se fondre avec le canton du Jura et le Jura Bernois ? La Suisse va-t-elle entrer dans l’Union Européenne ? Bien sûr, ce n’est pas aux Brenets que va se décider la sortie du nucléaire ou la levée du secret bancaire. Laissons du travail aux cinq personnes qui seront envoyées au Conseil National cet automne et aux deux personnes qui iront au Conseil des Etats au nom de notre canton.

On le voit, les enjeux sont importants, graves même. Cette situation peut être ressentie comme difficile à vivre, comme déstabilisante. De plus, et c’est une première dans l’Histoire de l’humanité, on ne peut pas regarder en arrière pour trouver des solutions aux problèmes naissants. On doit être inventif, on doit innover, on doit bien réfléchir et se lancer, avoir du courage. Et les problèmes sont énormes : le capitalisme est dans une impasse, le climat est aux soins intensifs, le déséquilibre Nord-Sud est criant, les migrations au niveau planétaire sont surprenantes et de plus en plus ingérables…. La situation mondiale a des répercussions ici, dans notre village, et inversement, nos décisions pour notre village changent le monde. Les plus timorés peuvent avoir tendance à s’isoler dans leur cocon et à fuir les défis. Mais je pense au contraire qu’il nous faut empoigner ces défis, regarder en avant, nous devons être géniaux. Nous devons travailler main dans la main, la tâche nous attend. Regardons l’avenir non comme effrayant mais comme enthousiasmant.

Passons à des aspects plus concrets et plus techniques. J’en vois deux.

Le premier : Vu les 32 années que j’ai passées à cravacher avec des adolescents souvent rétifs et provocateurs, il s’en suit une forte déformation professionnelle ; il se peut donc que mon ton soit parfois trop autoritaire face à des adultes bien intentionnés. Je vous prie par avance de m’en excuser.

Le deuxième : Vu le travail des employés de la Commune, je suggère que vous transmettiez au procès-verbaliste une copie des interventions que vous préparez à l’avance dans le but de les lire à haute voix durant la séance. De plus, au cas où vous utilisez le courrier électronique, il serait judicieux que vous faisiez parvenir vos interventions à l’adresse suivante : commune point lesbrenets chez ne point ch avant ou juste après la séance, en gros dans les 24 heures. Cela serait très apprécié de nos collaborateurs. Pour vous, cela aurait pour conséquence positive que vos dires figureront dans les procès-verbaux en fidèle reflet des paroles prononcées en séance.

Je vous remercie de votre attention et vous souhaite un agréable travail ce soir.







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2011-06-25



Lors de la fête des promotions, dans mon village, j’ai pu m’adresser à toutes les classes réunies de l’école primaire (80 élèves) et aux habitants réunis.

Bonjour les enfants,
Bonjour les adultes,

Voici la communauté villageoise réunie pour les promotions, donc la fin de l’année scolaire et presque le début des vacances. Les promotions : est-ce que tous les élèves sont promus dans le degré supérieur ? On l’espère. Certains vont quitter Les Brenets et commencer une nouvelle année scolaire en août au Locle. C’est un grand changement pour eux.

La communauté villageoise est réunie autour des enfants. Qu’est-ce que c’est, une communauté ? C’est un groupe de gens qui tiennent ensemble, qui ont un lien entre eux. Une communauté, c’est très précieux. Quand on pense communauté, on pense d’abord à la famille. Papa, Maman, les enfants, c’est une communauté. C’est la famille restreinte, la petite famille. Parfois, c’est Papa + les enfants, parfois c’est Maman + les enfants. Dans la famille, l’enfant va être protégé, soigné, nourri, écouté, aidé, consolé, conseillé, encadré. C’est précieux. C’est irremplaçable.

Aujourd’hui, la famille étendue est ici. Les grands-parents, les parrains, les marraines, les oncles, les tantes sont venus rejoindre la petite famille. Je salue ces personnes qui sont venues de loin pour participer à notre fête.

Une autre communauté, c’est la classe. On voit les classes maintenant, elles sont groupées devant vous. Je salue les enseignantes, je les félicite et je les remercie pour leur travail.

Il y a beaucoup de communautés au village. Il y a le petit chœur, les clubs de sport, les sociétés locales, les paroisses. Et le village entier, c’est une communauté de 1 107 habitants.

J’ai lu qu’au Japon, en Asie, le premier janvier, les habitants sortent dans la rue pour récurer ensemble leur bout de rue et les trottoirs. Mais mes amis m’ont dit que cette coutume disparaissait. Si chacun reste devant sa télé ou devant son ordi, la communauté ne va pas bien.

Au Burundi, en Afrique, il y a eu une guerre civile jusqu’en 2005. Maintenant, il y a un médiateur qui a pour tâche de réconcilier les gens entre eux. Il a inventé différentes stratégies. L’une, c’est les travaux communautaires. Tout le monde travaille le samedi matin pour la communauté dans tout le pays. Je suis arrivée au Burundi le mercredi 13 avril 2011. Tout de suite, mes amis m’ont dit : On doit aller travailler samedi matin. Es-tu d’accord de venir travailler avec nous ? Bien sûr ! J’y suis allée, j’ai porté des sacs de terre. Le médiateur faisait le même travail. Il était en training et en basquets dans une foule immense. Le président du parlement était aussi là en habits simples en train de travailler dans une longue chaîne humaine. C’était très impressionnant, car d’habitude, les diplomates, politiciens, ministres sont plutôt en complet veston dans de belles voitures. Il n’y a qu’en Suisse où les Conseillers Fédéraux vont au travail en vélo, à pied ou en bus. Une autre stratégie du médiateur du Burundi, c’est un championnat de football. Il y avait des tensions entre les motocyclistes et les policiers ; alors chaque groupe a formé une équipe de foot et elles ont joué l’une contre l’autre. Les motocyclistes ont battu les policiers !

Une communauté, c’est un groupe qui soutient, qui aide. Mais ça peut aussi être une source de problèmes. Des fois, il y a des clans dans une classe, il y a des tiraillements entre frères et sœurs. Si ces problèmes deviennent pesants, il faut en parler, il faut trouver une personne de confiance pour parler de ses problèmes. Pour cette raison, je vous demande maintenant à tous de réfléchir à cette question : Si j’ai un problème, quelque chose qui me pèse, que je ne peux pas porter tout seul, à qui est-ce que je vais en parler ? Avez-vous maintenant l’idée, dans votre tête : Si j’ai un problème, je parlerai à mon papa, ou à ma maman, ou à ma maîtresse, ou à ma marraine, ou à notre voisine ….

Vous savez, les pompiers font chaque mois des exercices pour connaître leur matériel, pour apprendre des techniques. Imaginez qu’en cas d’incendie, ils arrivent devant la maison qui brûle et commencent à chercher les hydrantes, les tuyaux, les haches. Ce serait vraiment bête. Il faut y penser tranquillement quand tout va bien. Pour les problèmes, c’est la même chose. Quand on est en plein dedans, on n’arrive pas à se dire : c’est à cette personne que j’aimerais en parler. La personne de confiance, il faut la trouver quand on va bien. C’est pour cela que je vous ai demandé d’y réfléchir maintenant.

Une communauté, c’est précieux. Ça s’arrose, comme une plante. Ça s’arrose peut-être en buvant ensemble une tasse de thé ou en prenant ensemble l’apéro.
On lance un coup de fil : Comment vas-tu ?
On s’informe mutuellement : Monsieur « un tel » est à l’hôpital. Merci de m’avoir informé, j’irai le voir.

Une communauté villageoise, c’est précieux.
Je souhaite à la communauté brenassière et aux visiteurs d’aujourd’hui
un bon été.



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Dans « De la dictature à la démocratie » de Gene Sharp, (éditions L’Harmattan) on lit ceci :
« L’une des caractéristiques des sociétés démocratiques est qu’il y existe, indépendamment de l’Etat, une multitude de groupes et d’institutions non gouvernementales. Ce sont, par exemple, les familles, les organisations religieuses, les associations culturelles, les clubs sportifs, les institutions économiques, les syndicats, les associations d’étudiants, les partis politiques, les communautés villageoises, les associations de quartier, les clubs de jardinage, les associations de défense des Droits de l’Homme, les groupes de musique, les sociétés littéraires, etc. Ces entités sont importantes car en poursuivant leurs objectifs propres elles contribuent à satisfaire des besoins sociaux. »

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